Le BiPo (Biotic index using Posidonia oceanica) est l’un des indicateurs (autres que le PREI et l'EBQI herbiers) qui permet de caractériser l'état de santé des herbiers sur la façade méditerranéenne et ainsi évaluer la qualité écologique du milieu.
La méthode BiPo a été développée par une équipe corse (Lopez y Royo et al., 2010 ; Equipe Ecosystèmes Littoraux (EqEL) - Université de Corse Pascal Paoli). Il est basé sur la mesure de 4 paramètres : la profondeur de la limite inférieure, le type de limite inférieure, la densité de faisceaux et la surface foliaire.
L’habitat marin susceptible d’être évalué par l’indicateur est, selon la Typologie NatHab Méditerranée (v2, Michez et al., 2014 ; description de l’habitat dans La Rivière et al., 2021), le suivant :
- III.5.1 - Biocénose de l'herbier à Posidonia oceanica
L’indicateur peut également contribuer à l'évaluation des écosystèmes marins listés au Règlement relatif à la restauration de la nature (Annexe 2) pour le type d’habitat (EUNIS 2022) suivant :
- MB2 52 - Biocénose de Posidonia oceanica
Acquisition des données : herbiers de posidonie, BiPo
Moyens matériels : 1 bateau, 2 appareils photo, 1 fiche terrain, 3 plaquettes A4, 2 quadrats de 40 × 40 cm, 2 fiches terrain, 1 filets avec grands sachets et ciseaux, sachets étiquetés, 1 glacière, pains de glace, 1 mètre de couture, 1 règle métallique, 1 filet avec grands sachets et ciseaux, pains de glace, 2 quadrats de 10 × 10 cm.
Quatre paramètres sont mesurés sur le terrain en plongée sous-marine :
- Type et profondeur de la limite inférieure :
La profondeur de la limite d’extension la plus profonde est mesurée par les plongeurs à l’aide d’un profondimètre (une dizaine de mesures espacées de 1 à 5 m sont réalisées). Cinq types de limite sont considérés : progressive (P), franche – fort recouvrement (F+), franche – faible recouvrement (F-), clairsemée (C), régressive (R) (Tableau 1).
Tableau 1 : Type de limite inférieure et description associée (d’après Gobert et al., 2009).
- Densité de faisceaux :
La densité des faisceaux (nombre de faisceaux de feuilles vivantes par m²) est calculée dans 20 quadrats de 40 × 40 cm lancés aléatoirement et espacés de quelques mètres.
- Surface foliaire :
Afin de ne pas prélever les faisceaux de feuilles in situ pour le mesurer la surface foliaire en laboratoire, et parce que cette surface foliaire est fortement corrélée à la longueur maximale du faisceau (des feuilles), cette dernière peut être mesurée in situ. La longueur des feuilles est réalisée sur 20 mesures prise aléatoirement sur des faisceaux distants de 1 à 5 m. La surface foliaire (SF) peut également être calculée en suivant le protocole du PREI.
Un EQR’ (Ecological Quality Ratio) est calculé pour chacun des quatre paramètres entrant dans le calcul de l’indice BiPo (Tableau 2).
Tableau 2 : Évaluation et harmonisation des métriques entrant dans le calcul du BiPo (d’après Lopez y Royo et al., 2009).
L’EQR final correspond à la moyenne des quatre EQR’ :
EQR = (EQR’lim. inf. + EQR’type lim. + EQR’densité + EQR’surf. fol./L max) / 4
[La grille de lecture a été calibrée et est utilisée dans le cadre de l’évaluation réglementaire DCSMM.]
L’EQR permet ensuite de déterminer le statut écologique d’un site d’après la grille de lecture (Tableau 3).
Tableau 3 : Grille pour l'indicateur BiPo (d’après Lopez y Royo et al., 2010).
L’absence de P. oceanica n’est pas nécessairement liée à une dégradation, donc la classe « mauvaise » ne peut être attribuée qu’à des situations où est constatée une disparition récente (< 5 années) de l’herbier.
Le protocole en plongée est facile à mettre en œuvre et ne nécessite pas une expertise avancée des agents. Si la relation longueur foliaire/surface foliaire est utilisée, aucun travail en laboratoire n'est nécessaire. La récolte des données est obtenue avec un bon rapport coût/efficacité et un faible investissement technologique.
Les paramètres utilisés pour le calcul d'indicateur ont été sélectionnées pour pouvoir distinguer les sites soumis à des pressions significatives versus les sites soumis à des pressions non significatives (Lopez y Royo et al., 2010). Les perturbations suivantes ont été prises en compte : utilisation des sols, activités industrielles, rejets fluviaux, activités portuaires et aménagement du sol.
L'indicateur BiPo ne prend pas en compte l'écosystème herbier dans son ensemble mais se focalise sur l'espèce Posidonia oceanica (Richir et al., 2023).
Par rapport au PREI, la charge épiphytaire n'est pas prise en compte alors que ce compartiment réagit à court terme avec une dégradation de la qualité des eaux. Cet indice perd la dimension écosystémique du compartiment épiphyte. Les résultats des deux indicateurs sur les mêmes sites sont néanmoins comparables.
L'indice est actuellement stabilisé. A ce jour aucun changement n'est prévu.