Compartiment 11 : téléostéens planctivores

Protocole de récolte

Ce compartiment comprend des poissons pélagiques ou démersaux planctivores, avec des traits de vie significativement liés au substrat. Les téléostéens pélagiques sans interaction avec le fond (Clupeidae, Engraulidae) n'ont pas été pris en compte. Les principales espèces observées sont Spicara maena, S. smaris, Chromis chromis et Anthias anthias. Ces deux derniers indiquent le voisinage de substrats durs. Le détritique côtier joue un rôle important pour ces espèces : zone de frai pour Spicara spp. et un habitat essentiel pour les juvéniles de Boops boops. Les espèces planctivores sont également essentielles dans le réseau trophique comme source de nourriture pour les prédateurs de haut niveau.

La richesse spécifique alpha (nombre d'espèces par site, compte tenu de toutes les méthodes) est mesurée pour évaluer le compartiment 11.

Compartiment 10 : filtreurs et suspensivores

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Les filtreurs et suspensivores appartiennent à divers groupes taxonomiques : Annelida, Ascidiacea, Bryozoa, Cnidaria, Porifera.

La densité moyenne d'individus ou de colonies par m² (observée dans les photoquadrats aux deux profondeurs) semble être le descripteur le plus approprié pour l'évaluation du compartiment 10, contrairement à la richesse taxonomique, en raison de la difficulté d'identification in situ ou à partir de vidéos ou de photographies.

Compartiment 9 : détritivores

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Les détritivores jouent un rôle important en dégradant la litière et les débris organiques sur les sédiments. Ce compartiment est composé d'échinodermes (Holothuroidea, Echinoidea et Asteroidea), de crustacés et de gastéropodes. L'abondance de certains taxa peut-être favorisée par des conditions eutrophes (HOM : High Organic Matter) ou oligotrophes (LOM : Low Organic Matter). Deux catégories sont distinguées :

- détritivores HOM (9a) : Holothuria spp., Bonellia viridis et Paguridea ;

- détritivores LOM (9b) : Spatangus purpureus, Chaetaster longipes, Echinaster sepositus, Gastropoda et Crustacea (Mysidacea, Malacostraca).

Alors qu'une grande abondance de détritivores HOM peut être liée à un habitat potentiellement dégradé (eutrophisation), l'abondance des détritivores LOM, plus sensible à l'eutrophisation, indique un bon état de ce compartiment.

La densité moyenne (individus.m-2) observée dans les photoquadrats aux deux profondeurs est un descripteur pertinent pour évaluer les détritivores 9a et 9b.

Compartiment 8 : microdétritus organiques

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Les herbiers de posidonie produisent et exportent un grand nombre de feuilles mortes vers les écosystèmes adjacents. Les récifs photophiles infralittoraux et le coralligène exportent également des macroalgues, qui s'accumulent ou se déplacent au-dessus des fonds meubles du circalittoral. La composition des macrodétritus organiques et la biomasse varient selon les écosystèmes sources : les feuilles mortes de P. oceanica, de macroalgales ou de plantes terrestres demeurent. Avant d'atteindre une plus grande profondeur, au large du plateau continental, les macrodétritus organiques sont utilisés comme ressource trophique par les détritivores du détritique côtier.

Compartiment 7 : endofaune

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L'endofaune constitue un compartiment clé, influencé par la taille des grains de sédiments et la teneur en matière organique. Une partie de l'endofaune peut également constituer l'épifaune. Trois groupes trophiques se distinguent :

- filtreurs et suspensivore (7a) : représentés par Phoronida, bivalves (e.g. Laevicardium oblongum et Acanthocardia deshayesii), Porifera (e.g. Suberites domuncula), Ophiuroidae et annélides tels que Serpulidae ;

- détritivores (7b) : regroupe les détritivores de surface ou sub-surface comme les annélides Petta pusilla ou les Capitellidae (si taux de MO élevé), les autres vers (Echiura, Sipuncula, Nematoda), et les mollusques tels que Turritellinella tricarinata, Moerella donacina, Abra nitida et A. prismatica ;

- carnivores dont les charognards (7c) : annélides tels que Nephtyidae, Eunicidae ou Polynoidae, gastéropodes tels que les Naticidae ou Conidae, les décapodes et les étoiles de mer.

Les fonds détritiques côtiers, en particulier dans le circalittoral supérieur, se caractérisent par une granulométrie relativement grossière, diminuant avec la profondeur. La granulométrie influence directement le réseau trophique dans les sédiments. Par conséquent, les sédiments grossiers abritent une teneur plus faible en matière organique et une diminution de l'abondance de l'endofaune.

Le compartiment de l'endofaune est évalué à partir de la teneur en matière organique dans les sédiments (en pourcentage).

Compartiment 6 : matières organiques particulaires (POM) des sédiments

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La matière organique particulaire (POM) des sédiments, observée en abondance, peut être liée à des conditions d’eutrophisation naturelles ou à un facteur de stress.

L'évaluation de ce compartiment est effectuée en mesurant le pourcentage de fraction pélitique (<63 µm).

Compartiment 5 : herbivores

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La grande diversité des communautés de macroalgues en détritique côtier (compartiments 1, 2, 3, 4) influence l'abondance et la diversité des herbivores épibenthiques.

Les taxons suivants sont considérés comme herbivores : les échinodermes Sphaerechinus granularis, Stylocidaris affinis et occasionnellement Centrostephanus longispinus et Echinus melo, et les gastéropodes Cerithium sp. et Aplysia spp. Alors que S. granularis est strictement herbivore, S. affinis, C. longispinus et E. melo sont omnivores.

Les herbivores vertébrés sont principalement représentés de façon saisonnière par le poisson Sarpa salpa pendant sa période de reproduction (fin d'été). Compte tenu de la courte durée du phénomène, cette espèce n'est pas prise en compte dans ce compartiment.

La richesse taxonomique alpha (nombre de taxons par site) est un descripteur pertinent pour évaluer le compartiment 5.

Compartiment 4 : turf saisonnier

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Le turf saisonnier ou gazon algal est défini comme une communauté d'algues de faible hauteur (max. quelques centimètres). Le turf est de plus en plus souvent observé en remplacement de communautés plus structurantes, en réponse à des facteurs de stress.

Le turf saisonnier comprend de nombreuses espèces, mais très peu peuvent être identifiées in situ comme les Ulvophyceae Pseudochlorodesmis furcellata et Valonia macrophysa. Womersleyella setacea et Acrothamnion preissii, deux espèces exotiques peuvent être présentes et sont considérées comme des indicateurs de stress.

La distinction à l'œil nu entre le turf saisonnier et les macroalgues érigées saisonnières est difficile. Étant donné que les deux compartiments évoluent avec la même dynamique, il est pertinent de considérer leur couverture commune dans les zones hautes et profondes. Les compartiments 3 et 4 sont donc dénommés ci-après « compartiments 3-4 ».

Compartiment 3 : macroalgues érigées saisonnières

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Les espèces de macroalgues de ce compartiment, caractérisées par un taux de croissance rapide et un cycle saisonnier, se développent depuis le printemps jusqu'à un développement maximal en été. Elles contribuent également de manière significative à la production primaire du détritique côtier.

Les taxons les plus fréquents et les plus abondants sont les Phaeophyceae, Arthrocladia villosa et Sporochnus pedunculatus, largement répandus dans le circalittoral. Certaines espèces de l'infralittoral peuvent être trouvées telles que Acetabularia acetabulum ou Padina pavonica. Les taxons non-indigènes et invasifs ne sont pas pris en compte pour l'évaluation du compartiment 3.

L'identification à partir des prises de vue est quasiment impossible. La couverture moyenne des algues saisonnières est un bon descripteur pour ce compartiment.

Compartiment 2 : macroalgues pérennes non calcifiées

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L'abondance de macroalgues pérennes non calcifiées peut indiquer des bonnes conditions écologiques et une absence de pressions significatives (érosion mécanique, apports terrigènes, diminution de la lumière). Ces espèces à longue durée de vie constituent un support pour les macroalgues saisonnières (compartiment 3 et 4) et la faune sessile (compartiment 10), un habitat pour les détritivores et les carnivores (compartiment 9 et 12) et une source de nourriture pour les herbivores (compartiment 5). Ils contribuent également à la production primaire de l'écosystème.

Parmi les espèces de ce compartiment, sont observés les fucales (Sargassum spp., Ericaria spp., Gongolaria spp., Cystoseira spp.), les laminariales (Laminaria rodriguezii), Osmundaria volubilis et Carpomitra costata.

La couverture moyenne de ces espèces dans la partie la moins profonde du détritique côtier est un bon descripteur pour évaluer ce compartiment.