Compartiment 5 : invertébrés carnivores

Source des données
Le compartiment des invertébrés carnivores est évalué par un comptage le long d'un transect. Les invertébrés carnivores sont abondants et très diversifiés dans la zone de la roche infralittorale. Le poulpe Octopus vulgaris est un grand prédateur de mollusques, crustacés et dans une moindre mesure d’autres invertébrés et de poissons. Le murex Hexaplex trunculus (gastéropode) et l’étoile de mer épineuse Marthasterias glacialis sont des prédateurs de mollusques mais également d’oursins. D’autres espèces consomment également des invertébrés comme le gastéropode pourpre Stramonita haemastoma ou l’araignée de mer Maja squinado. Cependant seuls Octopus vulgaris, Hexaplex trunculus et Marthasterias glacialis sont utilisés comme proxy pour évaluer ce compartiment car ils sont simples à dénombrer. Le murex est favorisé par les perturbations et la présence d’une de ses proies favorites, la moule Mytilus galloprovincialis. A l’opposé, le poulpe et l’étoile de mer épineuse sont plus abondants dans des environnements peu perturbés.
Protocole de récolte

Les densités des poulpes, des étoiles de mer épineuses et des murex sont obtenues par des comptages le long de transects de 20 m de long sur 1 m de large. Durant les parcours de 20 m de longueur, le plongeur est muni d’une barre de 1 m de large ce qui lui permet de visualiser précisément la largeur de 1 m du transect. Au total, 10 transects sont réalisés.

L’abondance du murex est mesurée également dans les mêmes quadrats que les oursins. A noter que seuls les individus de plus de 3 cm sont considérés.

Compartiment 4 : oursins

Source des données
Le compartiment des oursins est évalué par le dénombrement d'oursins. L’oursin comestible Paracentrotus lividus, l’oursin noir Arbacia lixula, et dans une moindre mesure l’oursin violet Sphaerechinus granularis, sont les principaux invertébrés brouteurs de l’infralittoral rocheux à algues photophiles de Méditerranée. Outre leur activité de broutage, certains oursins sont capables d’assimiler la matière organique à travers leurs épines poreuses, ce qui les rend sensibles à la pollution des eaux, de telle sorte qu’ils peuvent particulièrement apprécier les zones avec de forts apports en matière organique particulaire ou dissoute. Leur abondance est contrôlée à la fois par la richesse en végétaux mais aussi par l’abondance de leurs prédateurs comme de certains poissons, crustacés et d’autres échinodermes. La surpêche des prédateurs d’oursins et l’enrichissement en matière organique peut engendrer une augmentation considérable du nombre d’oursins qui vont consommer la plupart des algues dressées, entraînant la formation de « barren ground ». Une fois le surpâturage mis en place, seuls quelques individus d’oursins suffisent à maintenir le « barren ground ».
Protocole de récolte

La densité d’oursins est obtenue par le comptage des oursins dans 30 quadrats de 1 m² répartis de manière aléatoire, entre 5 et 10 m de profondeur. Ce comptage ne concerne que les individus de plus de 3 cm car les petits individus peuvent être cachés dans les crevasses et sous les roches, engendrant un biais dans le dénombrement. L’évaluation de ce compartiment reposant sur la densité de Paracentrotus lividus, Arbacia lixula et Sphaerechinus granularis est basée sur les données bibliographiques publiées et non publiées.

Compartiment 3 : filtreurs et suspensivores benthiques

Source des données
Le compartiment des filtreurs et suspensivores benthiques est évalué par le dénombrement des différents individus. Un grand nombre de filtreurs et suspensivores, attachés directement au substrat, utilisent la roche infralittorale comme habitat. Ils appartiennent à des taxons diversifiés comme les annélides, les ascidies, les bryozoaires, les bivalves, les cnidaires, les crustacés, les gastéropodes et les éponges.
Protocole de récolte

Pour évaluer ce compartiment, les filtreurs et suspensivores sont dénombrés individuellement ou par colonie pour les espèces coloniales dans des quadrats de 1 m² disposés de manière aléatoire sur le substrat. Les colonies prises en compte sont celles dont la taille est supérieure ou égale à 5 cm (diamètre, hauteur ou largeur). Par exemple, pour les éponges ce sont les colonies de plus de 5 cm de diamètre qui sont prises en compte et il s’agira principalement de grandes éponges comme Aplysina aerophoba, Crambe crambe, Phorbas topsenti, Scalarispongia scalaris. Pour les cnidaires, là encore, ce sont les colonies de plus de 5 cm de qui sont prises en compte comme par exemple Anemonia viridis, Aiptasia mutabilis ou des gorgones blanches Eunicella singularis. Le paramètre correspond à la densité globale de tous les individus ou colonies des espèces de filtreurs et de suspensivores dénombrés sans faire de distinction d’espèces. Cependant, le plongeur notera de la manière la plus précise possible le nom des espèces vues. A noter que, pour de nombreux taxons, il est délicat de déterminer in situ l’espèce dont il s’agit. Dans ce cas, on notera le genre ou la famille. L’abondance des filtreurs et suspensivores est mesurée dans les mêmes quadrats que les détritivores (compartiment 2) et les oursins (compartiment 4).

Compartiment 2 : détritivores

Source des données
Le compartiment des détritivores est évalué par la densité des holothuries, consommatrices de macrodétritus. Les holothuries sont simples à dénombrer et représentatives de l’activité détritivore dans un site. Les détritivores sont moins nombreux en l’absence de pollution ou de sur-sédimentation d’origine anthropique.
Protocole de récolte

Les holothuries sont dénombrées dans 30 quadrats de 1 m² disposés de manière aléatoire entre 5 et 10 m de profondeur sur la roche. Le plongeur compte tous les individus de toutes les espèces d’holothurie sans différencier l’espèce car il est parfois délicat de la déterminer in situ. Les espèces les plus communes dans l’infralittoral à algues photophiles sont Holothuria forskali et H. tubulosa. Durant ces recensements, le plongeur doit également noter la présence des filtreurs et suspensivores benthiques (compartiment 3) et des oursins (compartiment 4) dans les quadrats.

Compartiment 1 : macrophytes

Source des données
Le compartiment fonctionnel des macrophytes désigne l’ensemble de la couverture algale se développement à la surface du substrat rocheux. Il est estimé par le recouvrement des différentes strates algales. Il est distingué la strate arborescente, la brousse, la strate gazonnante et la strate encroûtante.

La strate arborescente est la plus haute des strates. Sa présence signe un écosystème en « bonne santé » et comprend des espèces arborescentes pérennes comme Cystoseira spp., Sargassum spp., Digenea simplex et Halopithys incurva. Ici, sont considérées les espèces pérennes dont la plupart de leurs axes persistent plus d’un an. Sont donc exclues les espèces qui ne survivent que grâce à une partie basale et les espèces dont les parties en croissance ne peuvent se maintenir plus d'un an, même si l'individu peut lui survivre pendant plus d'un an grâce à un renouvellement continu (comme par exemple Caulerpa spp.). Ainsi des espèces arborescentes pérennes et non pérennes, dont les proliférations sont renforcées par les perturbations anthropiques, comme par exemple Asparagopsis spp., Codium fragile, Sphaerococcus coronopifolius, sont exclues de cette catégorie.

La strate arbustive ou brousse, située en-dessous de la strate arborescente, comprend des espèces comme Cladostephus hirsutus, Cutleria spp., Colpomenia sinuosa, Dictyopteris spp., Dictyota spp., Halopteris spp., Padina spp., Taonia spp., des algues corallines articulées non épiphytique, Chondracanthus acicularis, Gelidium spp., le groupe des Laurencieae, Liagora spp., Anadyomene stellata, Codium spp. et Dasycladus vermicularis.

La strate qualifiée de gazonnante est constituée par des espèces filamenteuses éphémères comme Sphacelaria spp., les Ectocarpacées, les Céramiales, Acetabularia acetabulum, les Bryopsidales, les Cladophorales et les Ulves.

Enfin, la strate encroûtante est constituée par des algues calcaires encroutantes (Lithophyllum spp., Neogoniolithon brassica-florida), Hildenbrandia spp., Peyssonnelia spp. et des Phaeophyceae (Cutleria spp. au stade “Aglaozonia”, Lithoderma sp., Pseudolithoderma adriaticum, Ralfsia verrucosa).

Le score de ce compartiment fonctionnel est donc déterminé par la strate la plus haute présente puisque les autres strates sont présentes de manière sous-jacente.
Protocole de récolte

Afin d’estimer la couverture algale et la composition des strates dans le site évalué, il est préconisé d’effectuer une prospection large du site en notant, sur le terrain, une estimation visuelle du recouvrement des différentes strates. Il est bon d’accompagner l’observation par la prise de photographies et/ou de vidéos permettant, d’une part, de revenir sur le jugement fait lors de l’exploration et, d’autre part, de confronter les avis des différents observateurs. L’acquisition d’images du site permet également de garder en mémoire l’état du site à un moment donné et de pouvoir avoir des documents de référence pour le futur. Il est possible également de noter le pourcentage de chaque strate algale lors des comptages de la macrofaune benthique (compartiments 2, 3 et 4).

Acquisition des données : EBQI Récifs rocheux infralittoraux à algues photophiles

Source des données
L’acquisition des données peut être réalisée par :
(i) l’acquisition des données sur le terrain selon la méthodologie préconisée ;
(ii) l’utilisation de données existantes préalablement collectées ;
(iii) le « dire d’expert ».
Si les données ne sont pas complètes selon un type d’acquisition, il est possible de faire appel à l’ensemble de ces 3 types d’acquisition pour évaluer l’écosystème. Par la suite, le type de données doit être pris en compte dans le calcul de l’indice de confiance (IDC).
Stratégie temporelle
La période d’acquisition des données préconisée est le mois de juin. Cette période peut être élargie entre les mois de mai et d’août sans nuire à la saisonnalité des paramètres. Certains paramètres sont particulièrement sensibles aux variations saisonnières et le non-respect de cette période risque d'entraîner un biais dans l’évaluation de l’état des compartiments.
Moyens humains et matériels
Moyens humains : 2 plongeurs, 1 sécurité surface, 1 pilote.
Moyens matériels : 2 quadrats de 1 m², 2 plaques de notation, 2 planches photos d'aide à l'identification des espèces, 1 transect de 20 m, barre de 1 m de large.
Protocole de récolte

Ce travail est composé à la fois de méthodes simples à mettre en œuvre (e.g. dénombrement des holothuries, des oursins) et des méthodes nécessitant des connaissances en biologie marine ainsi qu’un entraînement indispensable (e.g. comptage visuel des poissons). Les différentes méthodes à appliquer ont été évaluées en fonction de leur degré de difficulté (connaissances des espèces, technicité, entraînement, etc.) et grâce au retour d’expérience obtenu après l’utilisation de la méthodologie par différents types de plongeurs (militaires, agents de Parcs marins, biologistes amateurs, agents des affaires maritimes, scientifiques, etc.). Le niveau de difficulté est illustré par un nombre d’étoiles allant de 1 à 3 (du plus facile au plus difficile).

Tableau 1 : Méthodologie d’acquisition des données de terrain pour l’évaluation des compartiments fonctionnels de l’infralittoral rocheux à algues photophiles. La difficulté d’acquisition des paramètres est signalée par les étoiles (*** : difficile, nécessité d’un entraînement et de connaissances scientifiques ; ** : moyennement difficile ; * : facile) (Ruitton et al., 2017).

 

Acquisition des données : prélèvements et relevés pour le calcul du CARLIT

Source des données
Les données sont acquises dans le cadre du réseau DCE Benthos Macroalgues, au niveau de la façade Méditerranée. L'acquisition des données est réalisée par l'Institut Méditerranéen d'Océanologie (MIO).
Stratégie spatiale
Les communautés (compositions spécifiques, abondances) sur les substrats rocheux sont cartographiées à partir d’une petite embarcation longeant la côte au plus près du littoral et se déplaçant à une vitesse de 4-5 km/h. La méthode ne s’applique donc pas à des masses d’eau dont la côte est sableuse. De même, les ports et les marinas ne sont pas l’objet de cette méthode de surveillance dans la mesure où ces zones sont trop perturbées (Blanfuné et al., 2017a).
L’ensemble du littoral rocheux méditerranéen français, Corse incluse, est cartographié, ce qui représente plus de 4500 km de linéaire côtier à l'échelle 1/2500eme. Ce sont ainsi 40 masses d’eau qui sont évaluées via cet élément de qualité biologique au titre de la DCE.
Stratégie temporelle
Le suivi doit être réalisé au printemps (entre mai et juin), tous les trois à six ans en fonction des perturbations majeures ou des travaux modifiant les communautés analysées.
Moyens humains et matériels
Moyens humains : 1 pilote et 3 opérateurs (1 pour l’utilisation du GPS, 1 pour la géomorphologie, 1 pour les communautés algales).
Moyens matériels : embarcation légère, orthophotographie ou photographie aérienne, liste des espèces.
Protocole de récolte
  • Sur le terrain

Les relevés sont réalisés exclusivement in situ à partir d’une petite embarcation longeant les côtes au plus près du rivage (3m) et à faible vitesse (4-5 km/h) (Figure 1). La présence des différents types de communautés macroalgales est notée directement sur une orthophotographie ou une photographie aérienne. L’échelle de ces supports a été adaptée (1:2500) pour permettre la cartographie des petits tronçons. Un trait de côte nommé CARLIT, à l’échelle 1/2500ème, a été créé sur la base du trait de côte Histolitt® de l’IGN. La liste des communautés et espèces concernées a été déterminée par Ballesteros et al. (2007). De plus, une échelle de sensibilité écologique aux perturbations est établie pour chaque communauté avec un gradient allant de 1 à 20 en fonction de cette sensibilité. Les communautés ayant les niveaux de sensibilité les plus forts représentent les communautés les plus stables (climax) de la zone littorale. Cette liste a été mise à jour par Blanfuné et al. (2017a). Les caractéristiques géomorphologiques des secteurs étudiés sont également relevées en fonction des critères suivants : blocs naturels, côte basse naturelle, côte haute naturelle, blocs artificiels, côte basse artificielle, côte haute artificielle.

Figure 1 : Schématisation de la cartographie de l’abondance des communautés étudiées avec la méthode CARLIT (Blanfuné et al., 2017b).

  • Au laboratoire :

Les informations, récoltées sur le terrain (communautés présentes, abondance, géomorphologie, nature du substrat, présence et sensibilité des espèces ou communautés algales d’intérêt et longueur de côté associée), sont transcrites sur un support cartographique géoréférencé dans un SIG. Le logiciel utilisé est ArcGIS. Chaque secteur investigué est ainsi caractérisé par la présence d’une espèce ou communauté macroalgale sur une longueur donnée, accompagnée de sa sensibilité et de sa typologie géomorphologique. Les longueurs sont exprimées en mètre. La précision de cette valeur peut être évaluée en connaissant la précision du pointé sur la couche de référence et celle de cette dernière. Dans le cas présent, la précision de la saisie des données sous SIG est de 2-3 mètres.

Base(s) de données utilisée(s)
Base de données Quadrige²